Tic-tac.Cette horloge qui ne veut cesser son balais, qui ne veut stopper sa course. Qui refuse de laisser le silence remplacer son éternel battement. Le temps file, se rapprochant inexorablement de l'instant où le soleil fera fuir la lune et où ses prunelles auront le droit de s'éveiller. L'enfant frémit dans son immense lit et se retourne une nouvelle fois, les yeux grand ouvert. Il essaye vainement de deviner l'heure mais n'y parvient pas. Le temps ne s’accélère pas et les battements de l'horloge se scindent avec ceux de son cœur. Métronome monotone qui le glace un peu plus.
Tic-TacCe n'est pas l'horloge. C'est autre chose. Un son étrange qui n'a rien à faire ici. Un son inhabituel. L'enfant remonte sa couverture sur ses deux billes ceruleenes qui tentent de voir dans cette nuit qui l'entoure et l'effraie. Il n'y parvient pas. Luttant un peu plus, il essaye de retrouver un sommeil qui l'emportera loin de ce lit encore froid malgré la nuit entière où son corps a vainement essayé de réchauffer les draps. Ses genoux remontent jusqu'à son menton alors qu'il se roule en boule, disparaissant un peu plus dans ce lit trop grand. Trop froid. Les lourds rideaux ne reflètent pas les rayons de la lune. Cette nuit est noire, aussi noire que la mort qui hante les lieux. Ce château a vu mourir bien des Hommes et de manière plus violente les unes que les autres.
Tic-Tac.Plus proche. Plus terrifiant encore. Recroqueville sur lui-même, il tremble. Il sent un souffle putride s'approcher de son visage, les relents des charognes et de la mort s'attaquant à son odorat sensible. Il ferme les yeux, essayant de faire partir cette odeur. La nuit va bientôt finir. La nuit doit bientôt finir. La peur enserre le cœur du jeune garçon, le menant jusqu'à accepter la douleur qu'il sent s'approcher de plus en plus. Quelque chose d'humide entre en contact avec sa peau et il hurle brusquement.
Un rire lui réponds, aussi froid que la mort alors que la lumière s'allume brusquement sous un simple mouvement de son grand frère. Les yeux du brun sont posés sur lui, sans la moindre source de chaleur et le petit garçon pose ses yeux sur cette chose humide qui s'est collée à sa joue. Il crie encore plus alors qu'il croise le regard mort d'une sourie, des larmes dévalant de ses prunelles sur ses joues si rondes.
Je t'avais dit de ne pas me chercher Alaric. Je t'avais dit de faire attention à toi. N'oublie pas que ton grand frère sera toujours derrière toi. Tu n'aurais pas du voler dans ma chambre. Mais tient. puisque je suis le plus gentil des grands frères, je t'offre ce joli cadeau. Et je te préviens. Tu dis un seul mot à maman et tes tripes décoreront le sol de la salle de bal. Compris ?L'enfant déglutit et de ses prunelles effrayés lui offrirent une réponse positive. La lueur des chandelles s'éteignit brusquement alors qu'un sourire froid grandissait sur les lippes de Friedrich et qu'il sortait de la chambre de son cadet. Une simple sourie morte suffisait à le faire hurler de terreur. Alaric n'avait aucune chance dans le monde qui l'attendait. Le brun étouffa un bâillement avant de retourner dans sa chambre mimer le sommeil jusqu'à l'aube qui viendrait sortir le château de sa torpeur. Il se glissa sous ses couvertures, un sourire bienheureux sur les lèvres. Jusqu'à ce que les battements de l'horloge lui parviennent. Jusqu'à ce qu'il croise un regard bien plus froid que le sien, sur lequel il prenait trop souvent exemple. Elle était là, les mains croisés sur sa poitrine, le jugeant sans lui offrir la moindre possibilité de se débattre. prisonnier de chaines qui s'entouraient un peu plus autour de son corps d'enfant à chaque mouvement qu'il faisait.
Tu sais pourtant qu'Alaric est un enfant doux et qu'il ne ferait pas de mal à une mouche.Le menaçant de ses prunelles, sa mère se redressa alors qu'il ouvrait de grands yeux et tentant d'expliquer ses raisons en des balbutiements incompréhensibles. Elle le fit taire d'un geste de la main, se rapprochant de son lit, le mécontentement brulant l'iris sombre de ses yeux.
Tu sais que je déteste quand tu marmonnes Friedrich. Ta place d'ainé t'offrait peut-être tous les droits quand ton ordure de géniteur était encore là mais aujourd'hui elle ne vaut plus rien. Je vais devoir te punir jeune homme. Et tu le sais. Tu ne dois t'en prendre à ton frère, quelques soit tes raisons. Il sera toujours bien plus agréable que ta détestable petite personne. Malgré les mots aussi tranchants que l'acier de sa mère, le brun soutient son regard, le visage aussi dur que celui de sa génitrice.
Je n'ai pas peur de vous mère. Alaric n'a eu que ce qu'il méritait. Et vous n'avez eu que ce que vous méritez. père a eu raison de vous quitter. Vous êtes vieille et laide. La gifle part, emplie d'une violence extrême mais Friedrich ne baisse pas les yeux. Son père lui a apprit. On ne baisse jamais les yeux devant une femme. Elles doivent le faire mais les véritables hommes ne s'inclineront jamais devant le sexe faible. Élisabeth voit rouge devant ce visage insolent si semblables à celui de cet homme qu'elle a désespérément aimé et ses mains s'entourent autour des poignets de l'enfant, le tirant hors de son lit alors qu'il hurle les pires insultes à son encontre. Il doit apprendre. Il doit obéir.
Compte. qu'elle lâche d'une voix glaciale alors que claque dans sa main les lanières du fouet.
Le cuir s'enfonce dans la chair déjà marbrée de cicatrices encore rouges pour certaine de Friedrich et il retient la larme de douleur pure qui perle à son regard. Ne fermant pas les yeux, soutenant avec fureur sa tête, ses lèvres s’entrouvrent pour marquer le tempo des coups qui s'abattent sur lui. Elle a beau frapper, elle ne le fera craquer. Elle ne le fera s'incliner. Jamais.
Elle n'arrête ses coups que lorsque le sang zèbre cette peau autrefois si blanche. Cent marques se sont imprimées dans la chair du petit brun et alors qu'elle le détache, il s'écroule de tout son poids sur le sol, ses jambes refusant de la porte. Mais dans son regard bleu brille toujours cette flamme rebelle qu'elle veut voir disparaitre. Dans ce regard bleu brille toujours l'insolence et la fierté. Il ne craquera pas. Quoi qu'elle fasse.
Une lettre qui brillait avec toute la force de la liberté. Un sourire en coin étira les lèvres de Friedrich alors que ses doigts glissaient sur le papier parcheminé. Écrit à l'encre noir, derrière ce blason si fameux, c’était des mots qu'il embrassait. Durmstrang. La véritable magie, le début d'un futur qui l'entrainerait jusqu'à sommet. Les rêves de grandeur du brun n'avaient jamais été si proches. Sous le feu du regard de sa mère, il prépara sa valise dans le plus grand silence avant de lui offrir son sourire le plus insolent. Malgré les cicatrices qui zébraient son dos, il avait toujours gardé ce visage qu'elle haïssait. Friedrich était le parfait sosie de ce géniteur qui les avait abandonné et qu'il allait retrouver en même temps qu'il retrouverait la magie. Dans ses prunelles brillaient tout cet orgueil qui grondait dans son ventre. Le véritable jeu commençait aujourd’hui.
Malgré le froid et la dureté des lieux, Friedrich se sentit à Durmstrang chez lui. Derrière l'épaisse cape rouge des étudiants, il cachait une noirceur qui ne faisait que grandir. Son père ne mit pas longtemps à le retrouver et à le modeler à son image, offrant à un esprit presque pur des idées qui auraient fait frémir bien des enfants mais qui firent sourire Friedrich. Emerick lui apprit la magie noire, lui apprit qu'il devait agir seul, ne jamais plier le genou devant qui que ce soit. Qu'il devait être un dieu dans un monde d'esclave. Que tout ce qui faisait un homme était la conscience de le savoir. Le jeune homme l'écoutait, des étoiles dans les yeux, sombrant petit à petit dans une colère qui n'avait rien d'imaginaire. Les coups dans son dos ne le faisaient plus souffrir alors qu'il jurait que jamais plus personne n'aurait le pouvoir de l'attacher et de le frapper comme elle l'avait fait. Jurant que son frère souffrirait plus encore que lui, pour apprendre à leur mère que le seul enfant qu'elle avait, que le seul qu'elle devait traiter en roi était ce fils étrangement dangereux.
Chaque été, alors qu'il revenait chez lui, il se rebellait un peu plus. Mais qu'était la force d'un enfant, même avec le caractère de Friedrich, contre celle d'une adulte. Les discours changeaient entre sa génitrice et son géniteur, l'un le traitant en roi quand l'autre ne voyait qu'un monstre à enfermer. Malgré tout, le brun savait ce qu'il valait. Savait qu'un jour, il ferait s'incliner le monde devant lui. Des rêves qui ne le quittaient pas, qui l'encourageaient à vaincre en duel pendant les cours, qui l'encourageaient à travailler plus que quiconque pour laisser sa trace dans cette école. pour qu'il ne meurt jamais, rendu immortel par des trophées. Étrangement, il ne voulu jamais pratiquer le Quidditch. peut-être parce qu'il était plus mauvais que quiconque et refusait de laisser les autres élèves le voir se ridiculiser. peut-être parce qu'il rêvait de bien d'autre victoires et d'une vie bien plus entêtante.
Malgré son tempérament solitaire, Friedrich se lia avec ceux qu'il appelait les siens. Un sorcier aussi voir plus doué que lui, un homme à la beauté vénéneuse dans les bras duquel il apprit bien plus de choses qu'il ne voulait vraiment l'avouer, une princesse russe follement amoureuse de lui à laquelle il offrait sa présence quand l'ennui se faisait sentir et un dernier sorcier, plus sombre encore que lui qu'il admirait sans jamais le dire. La noirceur l'attirait comme un papillon le serait d'une bougie. Ses sorciers lui seraient utiles dès qu'il le jugerait. Ils lui obéissaient aveuglément et en leur compagnie vénéneuse eu lieu le premier meurtre. Le premier sang qui ourla les lippes de Friedrich d'un sourire narquois et violent. Son âme se fissurait déjà mais il refusait de s'arrêter en si bon chemin. Son père fut arrêter pour ce meurtre, protégeant son fils en lui assurant qu'il était fier de lui. Alors qu'il était entrainé jusqu'à la prison où il finirait ses jours, il offrit un dernier regard à cet enfant qui ne cilla pas et ne laissa aucune larme rouler sur ses joues.
Car depuis qu'il devenait un véritable sorcier, il avait rencontré celui qui serait son mentor et son père par substitution. Jeremiah Nemirowsky, ami de la famille et également son parrain.
UC